mardi 10 juin 2014

Retour sur le Festival de l'Histoire de l'Art 2014

Tout d'abord, merci à tous ceux qui avaient bravé l'heure du déjeuner et l'éloignement du site de MINES ParisTech pour venir m'écouter. Certes, une heure, c'est très court pour aborder un thème aussi vaste, mais le phénomène de collections de portraits, de par sa banalité et omniprésence même, mérite qu'on s'y intéresse. Le texte ci-dessous n'est pas un résumé, mais un petit aperçu de ce que nous avons vu ensemble.
Rendez-vous l'année prochaine à Fontainebleau ! 
 
Les hommes illustres, les ancêtres, les amis et les belles dames : qu’est-ce qu’une collection de portraits ?
La conférence avait porté sur l’histoire des collections de portraits dans toute leur diversité, avec un intérêt particulier pour les périodes charnières qui sont l’Antiquité, la Renaissance, le XIXe et le XXe siècles. Il ne s’agira pas cependant de tracer une quelconque évolution linéaire, ni de présenter pèle mêle les différentes réunions de portraits, mais bien de tenter de comprendre les motivations des collectionneurs, leurs attentes, leurs buts, essayer de définir ce qui fait une collection de portraits, en s’appuyant sur des exemples concrets : châteaux de Beauregard, d’Ambras et de Frederiksborg, collections de Roger de Gaignières, de Louis-Philippe, du roi Philippe II d’Espagne, des marquis de Biencourt, du général Despinoy, de Carl Gustave Tessin, château d’Ambras, musée de Paolo Giovio, National Portrait Gallery, cabinet d’Antoine Le Pois, Syon House, projets Inside Out de JR et 1503 de Christian Tagliavini etc.
Qu’est-ce qui motive la création d’une galerie de portraits ? Est-elle visible, ostentatoire, célèbre, officielle, muséale, ou, au contraire, intime, privée, cachée ? Quel est le rôle des artistes qui interviennent à la demande du collectionneur lorsqu’il est aussi commanditaire ? Le nom du modèle importe-t-il sur celui du peintre lorsqu’il s’agit d’acheter les portraits ? Comment intégrer les autoportraits, les ouvres modernes et contemporaines ? Quel est le rapport que les collectionneurs entretiennent avec la ressemblance ? Comment une collection s’organise, quels sont les classements proposés, choisis, quel est l’impact d’un ordre, d’une hiérarchie dans la création d’une réunion et dans sa perception ? Quelles ont été et sont les modes, les traditions, les impératifs, les théories, les libertés, les inventions, les innovations ? Ne s’agit-il pas parfois d’une simple décoration d’intérieur ? Une collection vit avec son propriétaire, mais elle peut également mourir, disparaître, être dispersée ou bien évoluer et même changer d’ordonnance, de sens, de portée : quelles sont les raisons de ces transformations, qu’est ce qui fait que l’intérêt pour un rassemblement demeure ou se perd ? Comment plusieurs collections peuvent-elles coexister dans un même lieu ? Une collection de portraits peut-elle être une œuvre d’art ? Iconothèques, bases de données, photos en ligne : qu’est-ce qu’une collection de portraits à l’heure d’internet et de l’information disponible ?
Autant de questions auxquelles il est malaisé de répondre en un temps court, mais qui doivent être posées pour réussir à saisir ce qui fait une collection de portraits et qu’est-ce qui la différencie de toute autre collection. Collectionner les visages, est-ce collectionner les œuvres ou les êtres ? 
Serie Gioviana, Galleria degli Uffizi.